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Présentation de Robert ARNOUXJ'ai toujours eu l'amour de la matière, de toutes les matières. D'abord la terre à l'origine de mes premiers émois, quand, tout petit, je faisais des boules dont je contemplais avec émerveillement le long processus de séchage; ensuite sont venues les pierres, toutes les pierres. Je les ramassais en montagne et je les collectionnai. Ma formation de géologue s'est inscrite dans la continuité de ma passion pour les pierres et les minéraux. Aujourd'hui, sables, mica, corindon, cristal de roche habillent mes personnages....
Mon cheminement m'a conduit vers le dessin d'après modèle vivant à l'atelier Pierre Soulages de Charenton. Très vite, la grammaire de mes lignes s'est imposée à moi d'une façon évidente jusqu'à une synthèse de la forme humaine qui cherche à atteindre le coeur de l'être et de la présence; bien au delà de la représentation du corps et de la figure humaine.
Je savais que la lumière m'importait plus que la couleur et je me suis orienté vers la peinture à la fresque, technique la plus appropriée à ma recherche. Le point de départ de ce choix fut une émotion artistique née de la rencontre avec les peintures de Fra Angelico dans les cellules des moines au couvent de San Marco à Florence. Approfondir la fresque m'a permis de magnifier la lumière irradiant de la couleur enchâssée dans la chaux et le marbre.
Le passage à la sculpture s'est fait presque malgré moi, comme si cela devenait impérieux de retrouver les sensations de mon enfance nourrie par la terre. Au delà des lignes épurées, je cheminais dans mes questionnements : Comment mettre en volume une tête esquissée d'un seul trait? Alors est venu ce parti pris de modeler les têtes sans respecter les conventions habituelles. Comment rendre plus humaine la statue sans la figer dans un esthétisme? Ainsi sont apparues les scarifications, possibles traces des blessures de la vie. Comment renouer avec l'origine, celle de l'homme et de la terre? En donnant vie à des personnages, apparemment inanimés, mais habités, liés, reliés, qui viennent nous chercher et nous révèlent notre part d'humanité en nous emmenant dans un monde où exister c'est aussi résister.
La Forme et la MatièreD'abord les figures du passé, les idoles cycladiques et les christs romans; mais aussi les galets sur la plage. Et les hommes bien sûr d'hier et d'aujourd'hui.
Ensuite, une nécessité intérieure qui appelle la Forme avant de s'y soumettre. Vers un chemin de pureté et d'absolu qui régénère et vivifie.
Simplifier. Simplifier encore. Dire le paisible, le profond. Dire le plus beau de l'homme. Dire la présence, comme une invitation à la rencontre. Dire le sacré.
Et puis la Matière, granuleuse et brûlante, donnant chair et peau aux statues. Le feu de la chaux, uni à la terre, à l'air et à l'eau. Force minérale pour une présence humaine. |
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